La 90e édition du Rallye Automobile Monte-Carlo, manche inaugurale du Championnat du Monde FIA des Rallyes WRC quitte provisoirement Gap ville étape depuis 2014, pour prendre ses quartiers à Monaco. Retour en Principauté donc pour le parc d’assistance qui se situera sur les quais du port de Monaco et ses épreuves spéciales qui se dérouleront seulement sur deux départements des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence. Ces nouveautés ne sont pas les seules puisque les voitures WRC des Constructeurs (Ford, Hyundai, Toyota) seront pour la première fois des voitures hybrides, équipées d’une batterie complémentaire de 100 kW (136 ch), permettant de rouler en mode purement électrique et d’apporter un surcroît de puissance pendant les épreuves spéciales. Une autre révolution, après l’électrification, se situe dans le réservoir avec l’utilisation, pour la première fois aussi dans les voitures du Championnat du Monde des Rallyes, de carburant synthétique fourni par le distributeur exclusif de la FIA, la société P1 Fuels.
En dehors de ces nouveautés techniques, le parcours reprend des épreuves mythiques du Monte-Carlo comme Luceram / Lantosque ou le fameux col de Turini. Coté hautes Alpes on retrouve la spéciale ‘’coup de poker’’, Saint-Geniez / Thoard par le col de Fontbelle souvent enneigé et verglacé sur 3 à 4 kilomètres, un casse-tête pour le choix des pneus assuré.
Pour piloter cette nouvelle génération de voiture de rallye, les WRC Rallye1 hybrides, on retrouve les animateurs du championnat du monde avec des départs et l’arrivée de petits nouveaux issus du WRC2. Sébastien Ogier qui a mis un terme à sa carrière en WRC, va participer à quelques épreuves en 2022 avec Toyota. Parmi les jeunes en devenir il faut citer Kalle Rovenperä qui pilote une Toyota Yaris Rally1 et Olivier Solberg ( fils du champion du monde Peter Solberg) au volant d’une Hyundai i20 N Rally1.
Coté Français réjouissons nous, la relève arrive avec Adrien Fourmaux qui décroche un volant chez M-Sport pour une saison complète au volant de la nouvelle Ford Puma Hybrid Rally1. Cerise sur le gâteau, Sébastien Loeb tout juste rentré du Dakar où il s’est classé deuxième, est présent
avec M-Sport au volant de la Ford Puma Hybrid Rally1. Les trois constructeurs engagés en WRC, Toyota, Hyundai et M-Sport Ford s’engagent sur trois ans pour développer et engager des voitures hybrides, ce qui est une belle manière de fêter le 50e anniversaire de la création du Mondial des rallyes en 1973.
Toutes les manches du Championnat du Monde des Rallyes WRC commencent par un shakedown (petit parcours en amont du rallye qui peut être parcouru à plusieurs reprises et permet aux pilotes de peaufiner leurs réglages) et c’est d’autant plus utile cette année, avec l’arrivée de la technologie hybride.
Le shakedown nous donne une première hiérarchie des forces en présence et à la surprise générale c’est Sébastien Loeb (Ford Puma Hybrid Rally1) qui réalise le meilleur temps des deux premiers passages, Sébastien Ogier (Toyota Yaris Rally1) s’adjugeant le troisième.
La 90e édition du Rallye Automobile Monte-Carlo démarre par deux spéciales de nuit et notamment le col du Turini, c’est Sébastien Ogier qui tire le premier et rentre à Monaco en tête avec 5“ s’avance sur un étonnant Sébastien Loeb qui dompte à merveille sa Ford Puma. Sébastien Loeb : « on a eu un départ difficile, mais c’était vraiment piégeux sur le haut avec des portions glacées. Je ne voulais pas faire d’erreurs sur la glace et j’ai été assez sur la défensive. Mais ça fait du bien. Il y a beaucoup de puissance et j’avais un très bon feeling avec la voiture ».
La deuxième journée du rallye comprend trois spéciales à parcourir deux fois sur un parcours parsemé de portions verglacées. Ogier et Loeb se bagarrent à coups de secondes et laissent la concurrence à distance. Seul Elfyn Evans Toyota Yaris Rally1 parvient à rester dans le rythme. Les Hyundai i20 Rally1 de Thierry Neuville et Ott Tänak sont déjà distancées et peine à trouver les bons réglages. Pour le Français Adrien Fourmaux , le rallye s’arrête avec un grosse sortie de route qui pulvérise sa Ford Puma Hybrid, heureusement l’équipage est indemne. A la surprise générale Sébestien Loeb et sa Ford Puma rentrent en leader à Monaco avec une petite avance de 9“ sur Sébastien Ogier et 15“ sur Elfyn Evans. Les autres concurrents sont distancés notamment les pilotes Hyundai déjà à plus d’une minute. Thierry Neuville « Rien n’a changé. On a tenté quelques réglages qui ont mieux fonctionné, mais ça fait peur. Du point de vue du châssis, j’ai beaucoup de surprises. Nous devons améliorer ça. »
Pour la troisième journée du rallye, les concurrents se dirigent vers la région de Dignes et la spéciale juge de paix Saint-Geniez /Thoard où le choix des pneus est difficile avec les quatre kilomètres de neige et de glace au col de Fontbelle. Sébastien Ogier (Toyota Yaris Rally1) passe à l’attaque, il gagne les deux premières spéciales et revient à égalité parfaite à la mi-journée. Dans la spéciale 11 Saint-Geniez / Thoard tant redoutée par les pilotes, c’est l’hécatombe, Ott Tänak (Hyundai i20 Rally1) abandonne sur une double crevaison, il avait embarqué une seule roue de secours. Elfyn Evans (Toyota Yaris Rally1) est victime d’une sortie de route et reste coincé dans un talus, il repartira en super rallye le lendemain. Craig Breen pointe désormais à la 3e place, il a pris le temps de d’acclimater à sa nouvelle Ford Puma et sa régularité paye. Le grand gagnant de la journée est Sébastien Ogier, il rentre à Monaco avec 21“ d’avance sur Sébastien Loeb qui a fait un mauvais choix de pneus dans la dernière spéciale. La victoire finale se profile pour Ogier mais il reste à parcourir les quatre dernières spéciales du 4e jour de course et nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Les positions des leaders semblent assurées, après deux spéciales Ogier compte 24’’ d’avance sur Sébastien Loeb. On assiste alors à un premier coup de théâtre, dans l’avant dernière spéciale La Penne / Collonges, Sébastien Ogier est victime d’une crevaison, il prend la décision de ne pas s’arrêter et concède 34’’ à Sébastien Loeb qui gagne cette spéciale. Tout va se jouer dans la dernière épreuve Briançonnet / Entrevaux. Sébastien Loeb part en mode gestion pour conserver ses 9,5’’ d’avance, mais dernier rebondissement, Sébastien Ogier écope de 10“ de pénalité pour départ anticipé, il n’y a plus de suspens. Sébastien Ogier : « Au départ, le moteur a fait un bruit bizarre. Ça m’a perturbé et peut-être que j’ai relâché trop tôt. Je peux garder la tête haute. J’ai effectué le travail tout au long du week-end et malheureusement, c’est la loi du rallye ».
Même sans cette pénalité Loeb aurait gagné la 90e édition du Rallye Automobile Monte-Carlo avec 0,5“ d’avance après 296 kilomètres d’épreuves chronométrées, « Incroyable, Fantastique ».
Sébastien Loeb associé à Isabelle Galmiche, sa nouvelle copilote, remporte son 8ème Rallye Monte-Carlo et s’offre une 80e victoire en WRC.
En WRC2, la victoire du tenant du titre Andreas Mikkelsen Skoda Fabia Evo. Le premier Français dans cette catégorie est Yoann Rossel, le champion du monde WRC3 2021, il prend la 6e place du WRC2.
En catégorie RGT (deux roues motrices) la victoire revient à Raphaël Astier (Alpine A110) devant Manu Guigou (Alpine A110) et le toujours fringuant François Delecour toujours spectaculaire sur son Alpine A110.
Ce mano à mano entre les deux Seb, Loeb et Ogier, 17 titres de Champions du Monde WRC à eux deux, nous a tenu en haleine pendant tout le rallye, pour le plus grand plaisir des très nombreux spectateurs présents sur le parcours.